La source grise

mardi 15 janvier 2019

Présidentielles 2019

Naturellement, le Sénégal va vers des élections pour élire un Président; deux choix s'offrent à la population: réélire le Président sortant ou élire un Nouveau Président. L'effervescence a démarré depuis le référendum qui a ajouté au processus électoral "Le parrainage" pour un premier tri des candidatures. Le Sénégal a ainsi vécu pour la première fois la sélection de ses candidats à la candidature aux présidentielles. Ce qu'il faut en retenir, comme toute première, il y a eu beaucoup de cafouillages jugés diversement par le pouvoir et l'opposition. La société civile y a participé sans apporter de la sérénité car ne maitrisant pas les tenants et les aboutissants d'un processus jalousement mené par les instituions de la républiques. Le conseil constitutionnel, au cœur du système, a subi certainement la plus forte pression des deux camps mais a quand même publié une liste de cinq candidats dont le Président sortant. De ce nouveau processus, le fait saillant est surement l'absence de consensus, de références pour les candidats de l'opposition qui n'avaient pas à leur disposition les listes électorales pour mener à bien le recueil des signatures de parrainage des sénégalais. L'information a constitué un élément déterminant que le pouvoir a semble t il géré au détriment de ses potentiels adversaires ce qui a éliminé de gros poissons tels que Pape Diop, Ancien Président du Sénat, Malick Gackou Ancien Ministre Ex N°2 de AFP, Adjibou Soumaré Ex Président de la Commission de l'UEMOA, et l'un des phénomènes politiques des deux dernières années Bougane Gueye. Si pour certains on peut retenir leur manque d'appareil politique pour recueillir les signatures, pour d'autres c'est une méconnaissance totale des processus électoraux avec ses rouages juridiques et administratifs. La volonté de l'Etat (ou du parti au pouvoir) de limiter les candidatures a été sévèrement décriée par les candidats recalés qui tentent de s'organiser pour donner suite à leurs efforts consentis jusque là; surement chercher à avoir un retour sur investissement. Il ne faut donc pas exclure des ralliements dont le fondement est exclusivement économique pour leurs acteurs. Tout de même certains sont restés logiques et transparents allant jusqu'à annoncer leur soutien à des candidats retenus; c'est le cas de Bougane qui a exprimé sa volonté de soutenir Sonko et/ou Issa Sall. Ces derniers sont effectivement les invités surprises de cette élection car faisant partie des cinq candidatures finalement retenues par le conseil constitutionnel. Ce résultat n'est tout de même pas une grande surprise au vu des résultats obtenus par ses derniers lors des dernières législatives. Si Issa Sall bénéficie du soutien d'une grande communauté religieuse, Sonko a le soutien d'une jeunesse dégouté par la politique politicienne qui a tenu en otage ce pays et son développement depuis 1958. Tous deux incarnent cette nouveauté dans l'échiquier politique sénégalais; jusqu'où iront-ils? That's the question. Ils seront en compagnie de Idrissa Seck pour sa troisième candidature après 2007 et 2012, et de Madické Niang un vieux roublard politique aux côtés du plus grand politicien du Sénégal. Après avoir raté le Titre de Idy4Présudent, le rewmiste en chef se lance certainement sur sa dernière tentative marquée par sa nouvelle casquette de talibé Mouride; il aurait pu revendiquer l'héritage de Wade mais il est en concurrence avec deux frères dont le Président sortant "frère ennemie". Il bénéficie quand même d'une organisation et d'une bonne expérience des élections après avoir porté la campagne de Wade en 2000, la première alternance politique au Sénégal. Madické est surement le Plan B du Parti Démocratique Sénégalais de Me Wade beaucoup trop rusé. En effet, en décriant officiellement la candidature de Madické, Wade confirme au pouvoir sa détermination à poursuivre la lutte pour lever de la condamnation de son fils Karim qu'il qualifie d'acte politique pour l'empêcher d'être candidat mais contourne aussi le pénible exercice de désignation d'une candidature au sein du PDS. Depuis le départ de Wade, le PDS survit certes mais sans un consensus clair sur le leadership qui est revendiqué d'une part par des anciens kaids et d'autre part de jeunes loups aux dents longues. Ce devait être pour Wade ou pour le PDS le choix fatal d'un parti qui cherche à renaitre. Les deux derniers recalés, comme par hasard les K, le sont à cause de leur dossier judiciaire lourd de par les chefs d'inculpation qui y sont consignés et de par leurs conséquences sur le processus électoral. S'agit-il d'une coïncidence ou d'un coup monté et orchestré dans un timing parfait par le pouvoir en place. L'absence de Khalifa scelle aussi e déclin des partis de gauche du Sénégal qui n'auront aucun candidat tandis que l'héritage de Wade le libéral est au 3/5 des candidats. Le dernier candidat est celui qui a gouverné le pays depuis 2012 en compagnie de la coalition Benno Bok Yakar renforcée par une grande transhumance, il s'agit bien du Président Sortant, M Macky Sall qui a accédé à la magistrature suprême en parfait outsider mais qui a su se dresser solidement et se plaire à la perche au point de faire sept ans au lieu de cinq ans annoncés. Il brigue un nouveau mandat pour poursuivre, dit-il, les nombreux chantiers initiés un peu partout. C'est en effet sous son règne que le désengorgement de Dakar est réellement pris en charge par l'Etat qui a toujours annoncé des projets non effectifs, c'est aussi dans cette période que la plupart des localités du Sénégal, longtemps oubliées à cause du poids de Dakar, ont bénéficié d'investissements de l'Etat. A la faveur du prix du pétrole beaucoup plus stable qu'il ne l'était dans les dix dernières années, les prix à la consommation sont restés acceptables pour la population. La confirmation de l'exploitation prochaine du pétrole et du gaz au Sénégal est aussi intervenue sous son règne même si elle est accompagnée par un grand bruit au parfum acre des gros contrats des multinationales aux pratiques occultes certainement à la défaveur des populations à la base; mais il a assuré que ce ne sera pas le cas au Sénégal. Le train va surement se régénérer avec le Train Express Régional et la relance prochaine du Dakar-Bamako qui faciliteront surement la distribution des bourses familiales principales innovations sociale de Macky. Tout n'est pas rose et l'opposition râle principalement contre les coups de force cautionnés par une administration judiciaire décriée en interne et par l'absence de cohérence dans les projets de l'Etat qui se superposent au détriment quelque fois de certains secteurs prioritaires tels que la santé avec l'endettement colossal des structures de santé et la tension sociale qui la caractérise. C'est le Sénégal, un pays qui cherche à consolider sa stabilité pour en tirer profit enfin avec l'exploitation prochaine de ressources importantes mais aussi une jeunesse instruite forte et engagée. Nous gagnerons surement plus que l'élection d'un Président lors de ces présidentielles car le peuple est irréversiblement tourné vers le développement à la faveur des outils de communication modernes. Le vote électronique, certainement plus efficient, devrait surement être la prochaine étape du système électoral sénégalais qui a fini de prouver sa robustesse avec deux alternances paisibles. Vive le Sénégal, que la paix accompagne les élections prochaines.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire