La source grise

lundi 27 février 2012

Sénégal, pays de démocratie

Le peuple sénégalais a, selon les premiers chiffres des urnes, voté à près de 60%, ce n'est certes pas la grande affluence mais au vu de la tension qui a caractérisé la campagne avec une quinzaine de mort et les menaces de perturbation, c'est une grande satisfaction.

Les sénégalais ont montré qu'ils ne sont pas partisans de la violence quelle que soit la cause telle que le rejet d'une candidature illégitime quoi que légale selon le conseil constitutionnel.

Un autre résultat est obtenu de ce vote, c'est la mise à la retraite des vieux politiciens qui symbolisent la phase post-indépendance, il s'agit d'Abdoulaye Wade, Moustapha Niasse, Tanor Dieng, Djibo Ka, Iba Der Thiam, Dansokho, Abdoulaye Bathily, Landing Savané, Madior Diouf, Amath Dansokho, j'en passe. Il est peut être jeune, mais les sénégalais ont rejeté sa versatilité et son attitude malhonnête, Idrissa Seck est obligé de jouer les seconds rôles. Le Sénégal s'est placé dans une nouvelle ère qui veut oublier la colonisation et la dépendance occidentale.

La promotion de Macky Sall est la reconnaissance d'une constance dans le discours et dans la démarche. Le travail de terrain pendant quatre ans a payé, la démarcation prompte avec le M23 a aussi payé.

Par ailleurs, le score des libéraux est largement au dessus de celui des autres courants idéologiques ce qui peut être analysé comme une reconnaissance de la politique libérale et que la déroute de Wade est une sanction personnelle liée à son age, aux scandales financiers de ses proches, au tripatouillage de la constitution et à son supposé projet de dévolution monarchique. Macky est le libéral le plus propre qui est chassé de la maison libérale à cause du projet de dévolution mais aussi celui qui a dégagé des valeurs bien sénégalaises de droiture, de respect et de travail.

Les partisans des assises nationales sont tout simplement déçus par les scores de Niasse et Tanor c'est peut-être aussi la sanction face à l'individualisme des deux leaders qui n'ont pas su s'unir pour l'intérêt suprême de la nation.

Les sénégalais votent utile et pour les partis, l'essentiel des voix sont concentrées sur cinq candidats de coalitions. Les candidatures individuelles ont encore une fois échouées. Cela explique l'importance du travail à la base et la constitution de fiefs politiques. Macky n'a pas partagé son fief de Fatick à l'image de Idy à Thies. Le maillage du territoire est tout aussi impératif, les sénégalais veulent se sentir dans les plans des différents candidats. Les candidats qui ne sont pas allés dans certaines localités l'ont tout simplement payé au vu des résultats obtenus dans ces localités.

Le second tour devrait être la suite logique de la réprobation de la candidature de Wade car les opposants devraient soutenir Macky ne serait-ce que pour avoir partager la non reconnaissance de cette candidature. Mais encore, la politique et surtout celle pratiquée par les politiciens sénégalais ne permet pas de dire de façon catégorique qu'il y aura un report des voix. Les premières déclarations des opposants sont très insuffisantes et laissent présager des surprises. Wait and see et gare aux défaillants!!!

jeudi 16 février 2012

Pour qui voter au Sénégal?

A dix jours des élections, les sénégalais sont encore indécis. La dernière semaine sera déterminante.
Du côté du pouvoir, on livre les voitures des chefs de village nuitamment pour éviter le caillassage mais y arriver avant le 26, on réintègre les policiers radiés, on ré-annonce les projets enterrés et inaugure les réalisations de 2008 à 2011. Ce qui est le plus apparent c'est l'organisation de grands meetings départementaux très stratégiques car le vieux ne peut pas faire tous les villages à cause de son âge et de sa santé, le temps ne le permet pas, mais aussi Wade veut contrôler les sous destinés à la campagne. En effet, des rumeurs ont fait état de défections dont les auteurs n'attendent que leur part du gâteau de la campagne. Wade a alors décidé de ne donner les fonds qu'au dernier moment pour contrôler les transhumants et s'assurer de son investissement. En bon stratège, Wade n'hésiterait pas à créer un scénario martyrisant à la veille des élections pour jouer sur les sentiments des sénégalais. Il poussera ainsi les opposants à la faute. Wade a un autre avantage non moins considérable, le PDS a fait un bon travail lors des inscriptions sur la liste électorale. Les marketiciens chercheront leurs clients dans un marché dont ils ont évaluer la capacité des clients, pour le marché des électeurs, l'élément déterminant est la carte. Quelque soit la pertinence des arguments de l'opposition, quelle que soit la souffrance du peuple, seuls les inscrits voteront. Le travail se fait donc en amont, la campagne n'est pas trop déterminante pour l'opposition qui aura du mal à convaincre les militants du parti au pouvoir qui manage son électorat comme du lait sur le feu. Wade rappelle régulièrement que le PDS compte 2 millions d'inscrits donc si ceux-ci votent, il passerait surement au premier tour d’où son pari pour un troisième mandat.
Quant à l'opposition, elle est marquée par une désorganisation manifeste qui inquiète le peuple. En effet, on se demande si la discorde est si grande en opposition, que sera-t-elle au pouvoir? La querelle de leadership est manifeste, les leaders de parti n'hésitent pas à se lancer des flèches au moment ou les sénégalais attendaient un blog face au pouvoir. Malgré l'appui de la société civile amenée par la Radho, l'opposition peine à faire valoir ses idées et revigore le parti au pouvoir dont les dirigeants osaient à peine se montrer à la veille de la campagne. On peut constater aujourdhui à Dakar des personnes qui affirment à haute voix leur appartenance au PDS alors que depuis le 23 juin 2011 un tel acte était presque risqué. Le discours de l'opposition est tout autant vide et sans créativité ce qui justifie le recours à des affrontements avec les policiers pour créer l’évènement et être à la Une. Le M23 tente de se maintenir sur la scène politique et obstrue le chemin des partis d'opposition en panne d'initiative et d'audace. Macky n'a pas tord de répondre à ses détracteurs du M23 que la lutte se passe sur le terrain et d'ailleurs, de plus en plus les autres leaders singularisent leur campagne au risque de se perdre dans le lot. Cela prouve une absence de vision et un manque de confiance mutuelle entre les opposants. Il faut reconnaître que cette lutte est presque impossible: il faut soit lutter contre la candidature de Wade auquel cas, les partis n'ont pas besoin de s'affirmer individuellement pour une élection inutile, soit affronter Wade aux urnes et dissoudre le M23. L'existence de ce mouvement est un paradoxe dans cette campagne, elle pose un grand dilemme aux leaders de l'opposition qui n'osent pas ne pas y participer de peur d'être pris comme les traîtres de la république.
Choisir un Président n'est vraiment pas chose facile au Sénégal où les grands leaders qui s'affirment par leurs discours idéologiques et révolutionnaires ont disparus depuis l’élection de Wade en 2000.

mardi 7 février 2012

Médiation nécessaire au Sénégal

L'élection présidentielle au Sénégal prend une tournure de plus en plus en plus dangereuse. Aujourd'hui il y a une opposition de deux camps qui sont convaincus chacun en ce qui le concerne de la véracité de sa position. ça veut dire que nul ne lâchera sa prise quitte à mettre le pays en feu tel que ça se répète de plus en plus dans les discours.

je n'ai pas entendu jusque là une tentative de médiation de l'UA ou de la CDEAO ou de la communauté internationale mais plutôt des prises de positions qui ne font qu'accroître la tension.

je pense que c'est le moment pour ces organisations internationales d'intervenir pour trouver une solution consensuelle. L'UA a joué trop tard dans tous les dossiers (le dernier cas de la libye est fraîche dans les mémoires) et s'est fait chiper la vedette par d'autres organisations. elle doit avoir une attitude avant-gardiste.
la CDEAO était plus prompte mais dans ce cas elle semble bloquée par l'influence de Me Abdoulaye Wade ce qui n'est pas un justificatif. C'est peut être le fait aussi qu'il y a des tensions dans presque tous les pays de la cdeao.

je ne souhaite pas l'intervention de l'occident mais à défaut des deux premiers, c'est nécessaire.

Mieux vaut prévenir que guérir.