La source grise

vendredi 15 février 2013

Le Sénégal, un an après Wade

Dans un mois nous serons en droit de faire un bilan sur le changement intervenu lors des élections présidentielles de 2012. Les attentes du peuple, dont beaucoup de mouvements se targuent d'être les défenseurs, occupent le débat politique mais ne sont pas encore satisfaites ce qui est normal car il ne s'agit pas de faire des miracles dans un pays pauvre obligé de faire appel à l'aide extérieure pour faire face au salaire des fonctionnaires ou à certaines calamités naturelles. Le gouvernement doit quant même rassurer, c'est à ce niveau que l'évaluation du bilan sera intéressant. Est-ce que les sénégalais ont le sentiment que Macky et son équipe sont en mesure de conduire le Sénégal vers un avenir meilleur? Est-ce que le président a une vision et les moyens d'atteindre ses objectifs? Il est normal qu'un Président élu dans des circonstances particulières telles que l'incertitude d'une élection, un nombre de candidats important les uns plus déterminés que les autres, quoique préparé pendant quatre ans sur le terrain politique, ne soit pas en mesure dés la première année de faire du concret. Cela est d'autant plus justifié que son plan de développement Yonnu Yokuté est aujourd’hui porté par une coalition hétéroclite dont les membres sont d'abord préoccupés par leur positionnement ou celui de leur parti; le doute est au cœur de la mouvance présidentielle car le lien commun est très fragile et dépassé. Ils se sont réunis pour dire à Wade "Dégage" et n'ont pas osé se dire "chacun reprend son chemin". Senghor disait, "la raison est héléne, l'émotion est nègre", ce qui peut heurter la conscience nègre mais nous voilà pris au piège de l'émotion car des autorités politiques n'ont pas osé se dire la vérité en face. Comment peut on mettre en œuvre un plan supposé être basé sur le libéralisme avec une équipe composée de "libéraux" de "socialistes", de "communistes" et du forum civil? Soit il n'y a pas de débat, soit on se dit pas la vérité, soit on est préoccupé par autre chose? peut-être les postes de responsabilité? Je suis quant même étonné de voir l'entrée en force des défenseurs de la société civile dans l'attelage gouvernemental, Latif, Alioune Tine, Diatou Cissé, etc. Heureusement que le NTS avait sonné l'alerte. Nous ne sommes pas encore à l'heure du bilan, on cherche les branches de l'espoir pour ne pas être déçu de notre choix. Je disais dans l'article "1er remaniement après Wade" que l'affectation de Gackou au ministère du commerce me semblait suspect du fait qu'il soit un potentiel adversaire du Président, nous ne savons pas si Gackou a démissionné parce que les bâtons qui brisent les rayons de sa roue viennent du palais ou parce que l'AFP, compte tenu de la retraite imminente de Niasse, veut se préparer pour faire face aux prochaines échéances. Gackou est ambitieux et ne pas le taire parce qu'il faut faire valoir la solidarité gouvernementale, il doit se positionner pour son avenir politique à l'image de Idrissa Seck, en bon Jommbor qui a rejeté toute participation directe au gouvernement. Il faut être libre pour s'affirmer politiquement, le cas Landing est une histoire à méditer pour les leaders. J'avais aussi dit que la rentrée de Latif Coulibaly dans le gouvernement semblait être une rémunération car le portefeuille qui lui est confié est une coquille vide, oui la bonne gouvernance peine encore comme si nous étions encore en 2010 et pire, Latif a changé son stylo rouge qu'il utilisait pour dénoncer les mauvais choix et les mauvaises pratiques du régime sortant par un stylo bleu pour chanter les louanges de Macky et tirer contre ceux qui veulent faire ce que lui faisait d'antan contre Wade et Fils. Pendant ce temps, quelqu'un fait son chemin et le fait bien. Il a osé déguerpir les occupations anarchiques de la voie publique et le fera surement pour libérer les rues et ruelles de la capitale des marchands mais aussi des stationnements anarchiques. Il y a vraiment des privilégiés dans ce pays, un propriétaire construit un immeuble sur son titre foncier et ne prévoit pas de garage volontairement pour avoir plus d'espace à louer ou à occuper et occupe une partie de la rue qu'il partage avec tout le peuple, pour stationner son véhicule. Khalifa, pour ne pas le citer doit voir de ce coté aussi, un ami m'a dit qu'à Libreville, personne n'ose garer son véhicule à l'extérieur de la maison car tu risques de le retrouver à la fourrière, je trouve que c'est très juste. Bon vent à Khalifa, si tu réussi à faire de Dakar une ville, on pourrait espérer que tu puisses faire du Sénégal un pays en voie de développement. Pour revenir au gouvernement, son chantier le plus visible reste la lutte contre l'enrichissement illicite qui peut semble-t-il rapporter près de 2 000 milliards, mais quand et à quel prix? Les TPR (tribunaux populaires de la révolution) de Sankara n'avaient pas donné les fruits escomptés quoique motivés. Il faut prendre une autre approche et dépassionner le débat autour de ce thème et s'attaquer aux vrais problèmes du peuple sauf si la mobilisation des moyens est une difficulté infranchissable pour le nouveau gouvernement. Le peuple doit s'attendre au pire et prendre son destin en main, quelque soit le bilan, un Président ne suffit pas pour développer un pays. Les défis qui attendent les sénégalais, je suppose que ce sont aussi ceux du NTS de Y'en a marre, sont: le culte religieux, les sénégalais doivent croire en quelque chose, la culture de la citoyenneté, nous devons comprendre que ce pays nous appartient et c'est à nous de le faire le culte du travail, seul le travail bien fait paye mais les sénégalais sont tellement désespérés qu'ils ne croient qu'au miracle (regardez du coté des jeux de hasard pour comprendre) Essayons d'abord de relever ces trois défis, l'appétit vient en mangeant, nous verrons quels seront les prochains.

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