La source grise

jeudi 16 février 2012

Pour qui voter au Sénégal?

A dix jours des élections, les sénégalais sont encore indécis. La dernière semaine sera déterminante.
Du côté du pouvoir, on livre les voitures des chefs de village nuitamment pour éviter le caillassage mais y arriver avant le 26, on réintègre les policiers radiés, on ré-annonce les projets enterrés et inaugure les réalisations de 2008 à 2011. Ce qui est le plus apparent c'est l'organisation de grands meetings départementaux très stratégiques car le vieux ne peut pas faire tous les villages à cause de son âge et de sa santé, le temps ne le permet pas, mais aussi Wade veut contrôler les sous destinés à la campagne. En effet, des rumeurs ont fait état de défections dont les auteurs n'attendent que leur part du gâteau de la campagne. Wade a alors décidé de ne donner les fonds qu'au dernier moment pour contrôler les transhumants et s'assurer de son investissement. En bon stratège, Wade n'hésiterait pas à créer un scénario martyrisant à la veille des élections pour jouer sur les sentiments des sénégalais. Il poussera ainsi les opposants à la faute. Wade a un autre avantage non moins considérable, le PDS a fait un bon travail lors des inscriptions sur la liste électorale. Les marketiciens chercheront leurs clients dans un marché dont ils ont évaluer la capacité des clients, pour le marché des électeurs, l'élément déterminant est la carte. Quelque soit la pertinence des arguments de l'opposition, quelle que soit la souffrance du peuple, seuls les inscrits voteront. Le travail se fait donc en amont, la campagne n'est pas trop déterminante pour l'opposition qui aura du mal à convaincre les militants du parti au pouvoir qui manage son électorat comme du lait sur le feu. Wade rappelle régulièrement que le PDS compte 2 millions d'inscrits donc si ceux-ci votent, il passerait surement au premier tour d’où son pari pour un troisième mandat.
Quant à l'opposition, elle est marquée par une désorganisation manifeste qui inquiète le peuple. En effet, on se demande si la discorde est si grande en opposition, que sera-t-elle au pouvoir? La querelle de leadership est manifeste, les leaders de parti n'hésitent pas à se lancer des flèches au moment ou les sénégalais attendaient un blog face au pouvoir. Malgré l'appui de la société civile amenée par la Radho, l'opposition peine à faire valoir ses idées et revigore le parti au pouvoir dont les dirigeants osaient à peine se montrer à la veille de la campagne. On peut constater aujourdhui à Dakar des personnes qui affirment à haute voix leur appartenance au PDS alors que depuis le 23 juin 2011 un tel acte était presque risqué. Le discours de l'opposition est tout autant vide et sans créativité ce qui justifie le recours à des affrontements avec les policiers pour créer l’évènement et être à la Une. Le M23 tente de se maintenir sur la scène politique et obstrue le chemin des partis d'opposition en panne d'initiative et d'audace. Macky n'a pas tord de répondre à ses détracteurs du M23 que la lutte se passe sur le terrain et d'ailleurs, de plus en plus les autres leaders singularisent leur campagne au risque de se perdre dans le lot. Cela prouve une absence de vision et un manque de confiance mutuelle entre les opposants. Il faut reconnaître que cette lutte est presque impossible: il faut soit lutter contre la candidature de Wade auquel cas, les partis n'ont pas besoin de s'affirmer individuellement pour une élection inutile, soit affronter Wade aux urnes et dissoudre le M23. L'existence de ce mouvement est un paradoxe dans cette campagne, elle pose un grand dilemme aux leaders de l'opposition qui n'osent pas ne pas y participer de peur d'être pris comme les traîtres de la république.
Choisir un Président n'est vraiment pas chose facile au Sénégal où les grands leaders qui s'affirment par leurs discours idéologiques et révolutionnaires ont disparus depuis l’élection de Wade en 2000.

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